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Quelle heure peut-il bien être?

Nous sommes bercés par le roulis du train, partagés entre le besoin de dormir, l'excitation du voyage et le décalage horaire. Assis plus ou moins confortablement, notre esprit s'égare dans les limbes de la rêverie…..

Après bien des recherches et des hésitations, nous avions pris la décision de prendre le train entre Vancouver et Jasper. Notre réservation par téléphone de longs mois auparavant avait déjà la saveur du voyage. La voix de notre interlocuteur, mêlée d'un fort accent anglais et de français canadien était savoureuse !

Notre train s'arrête constamment: pour laisser passer d'autres trains en sens inverse, ou se laisser doubler. D'autres fois il prend des voies de garage et on reste en standby de longs moments. Les démarrages sont  brutaux, comme à l'époque des vieux métros parisiens avec leurs sièges en bois. Je compterai  jusqu'à 168 wagons avec des doubles containers.

22 h à se laisser aller….800 kilomètres….seule la longue et profonde sirène du train ponctue notre nuit, créant une ambiance fantomatique.

Dans le tout petit matin, une âcre odeur de fumée nous prend à la gorge. Nous traverserons des étendues calcinées sur des distances bien grandes. Le feu est passé par là, il y a peu, et des foyers persistent. Tristes paysages, désolation! Notre inquiétude est grande car nous savons que les jours précédents, le train a été immobilisé de très longues heures.

Et puis le soleil se lève, le temps passe et une voix grésille dans un haut parleur pour nous annoncer cascades, rivières, montagnes et monts enneigés. Le train ralentit pour laisser aux voyageurs l'instant d'une photo. Ici le temps ne compte pas.

La magie des Rocheuses se rapproche, et se découvre à nous.

Sommes-nous vraiment là avec nos vélos ou encore “en-train” de rêver?

Jasper!! Enfin Jasper.... Tout est allé si vite et si lentement !!